« L’envers des mots » : Exposome

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Étudier la notion d’exposome vise à développer des politiques d’information, de prévention et de santé publique mieux ciblées. Shutterstock

L’impact de l’environnement sur la santé humaine est un enjeu de mobilisation majeur pour la science et les pouvoirs publics. Au niveau international, un domaine majeur des recherches se centre sur la notion d’exposome, qui désigne l’ensemble des expositions environnementales auxquelles une personne est sujette tout au long de sa vie. Ce concept est inspiré du terme « génome » (combinaison des mots gène et chromosome) qui désigne l’ensemble de l’information génétique d’un organisme contenu dans ses chromosomes.

Proposée en 2005 par l’épidémiologiste Christopher P. Wild, cette notion d’exposome est intégrée depuis 2012 aux États-Unis dans tous les plans stratégiques du National Institute of Environmental Health Sciences. En France, l’exposome figure comme « élément structurant des politiques de santé » dans les objectifs des Plans nationaux santé environnement (PNSE) qui sont élaborés tous les cinq ans depuis 2016.

L’appréhender nécessite de prendre en compte de très nombreux paramètres tels que les nuisances chimiques (pesticides, perturbateurs endocriniens, particules fines…) et des facteurs comme les polluants alimentaires, des objets quotidiens (jouets, cosmétiques, tickets de caisse), la consommation de médicaments, les conditions de travail, les infections microbiennes, la pollution sonore et lumineuse, les effets des radiations, etc. L’enjeu est de considérer la multiplicité des expositions, leurs interactions et leurs effets dans le temps, de la conception à l’âge adulte.

Les recherches sur l’exposome impliquent de croiser de nombreuses disciplines qui relèvent à la fois des sciences « dures » (physique, chimie, science de la terre et de l’environnement, biologie) et des sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, économie, épidémiologie, santé publique).

Les études de genre sont aussi concernées, sachant que les conditions de vie, sociales, culturelles et économiques, exposent différemment les femmes et les hommes à des risques sanitaires. Les hommes, majoritaires dans l’industrie et le bâtiment, ont des risques de santé liés à l’amiante, aux solvants, au port de charges, au bruit, etc. Les femmes, plus nombreuses dans les métiers de commerce, services et soins à la personne, sont exposées aux polluants des produits de nettoyage ou des cosmétiques comme le bisphénol. Les nuisances concernent aussi les facteurs liés à l’organisation et aux contraintes du travail. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux sont plus fréquents chez les femmes.

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Les conditions de vie précaires ont pour corollaire des risques sanitaires accrus par rapport à la population générale : logement insalubre, mauvaise alimentation, sédentarité, pénibilité au travail.

La baisse de fertilité des femmes et des hommes, la vulnérabilité des femmes enceintes et des fœtus constituent un sujet majeur pour la recherche et les politiques de prévention. Une autre préoccupation liée au genre porte sur la situation de vulnérabilité aggravée des femmes en raison des bouleversements climatiques et politiques dans les pays du Sud global : sécheresse, pénurie alimentaire, migrations, etc.

À l’évidence, étudier l’impact de l’exposome sur nos organismes est un projet éminemment ambitieux. L’objectif est d’enrichir les connaissances sur l’impact de l’environnement sur la santé et de comprendre les liens entre les sociétés et les écosystèmes dans l’émergence des pathologies, notamment chroniques et infectieuses. Il s’agit aussi de développer des politiques d’information, de prévention et de santé publique mieux ciblées pour les populations vulnérables. Un tel défi ne pourra être relevé qu’avec la mobilisation de moyens intellectuels et matériels considérables. C’est un enjeu politique majeur pour les générations futures.


Cet article s’intègre dans la série « L’envers des mots », consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?

De « validisme » à « silencier », de « bifurquer » à « dégenrer », nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public. À découvrir aussi dans cette série :

Catherine Vidal, Neurobiologiste, membre du Comité d’éthique de l’Inserm, Inserm


Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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